Vous trouverez ici les nouvelles issus de notre tour sud-américain. Partant du constat qu'une peur plus ou moins intense s'emparait irrésistiblement de moi en certaines situations et ambiances, je m'amuse à écrire ce carnet fantastique. La plupart des lieux, personnages et situations sont réèls. Aucun animal ni être humain n'ont été gravement bléssé durant ces voyages.

   Vous trouverez également la traduction de Les amputés de Saul Enriquez (Méxique)

   Pour plus d'écrits, vous pouvez fouiller sur mon blog.

Paul

 

NOUVELLES

 

A L’OMBRE DES VERTS CANYONS


   Après avoir traversé tout au  long d’un chemin d’argile rouge et humide les champs de tabacs, de riz et de maïs durant une bonne heure, un couple de touristes descendit du bus qui bringuebalait maintenant en direction des montagnes tropicales.
   Le vieil homme qui les avait précédé s’arrêta au milieu du pont de ciment gris pour converser avec un de ses amis pêcheur. Celui-ci sortait de l’eau claire et vive un poisson ruisselant lorsque les jeunes campeurs passèrent au niveau des gauchos locaux. Il les salua, leur souhaita la bienvenue et,  tenant sa proie par la queue, éclata la tête de l’écailleux sur le pont, lui évitant ainsi une suffocation inutile et cruelle. L’oeil rond, immobile, regarda sans les voir Fabiola et Paul se diriger vers Praia Grande avant de s’éteindre pour l’éternité.

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UN CAMION NOMMÉ DÉSIR


   Depuis trois heures ils attendaient qu’une âme bienveillante veuille bien les prendre. Ni les voitures flambants neuves aux vitres teintées ni les vieilles camionnettes vides ni les camions venus de toutes l’Amérique du Sud n’avaient suffisamment confiance en, ou pitié de, Fabiola et Paul pour s’arrêter devant leurs pouces fatigués.
   Les trois hommes maigres et édentés à côtés de la station-service avaient vu leur arrivée en compagnie d’Audrey et de David ainsi que le départ de ces derniers dans un camion trop petit pour les quatre. Les trois autochtones se réjouissaient de voir la nuit tomber sur ces deux égarés. Les jeunes mariés allaient sûrement devoir planter leur tente dans le désert qui entourait la station-service ; ce n’est pas le vieux téléphone hors service qui allait leur permettre d’appeler un taxi.
   Le soleil tombé, les voyageurs se sentaient pris au piège. Ils regrettaient maintenant de s’être fait déposer au milieu de nulle part mais la chance qu’ils avaient eu auparavant leur avait fait oublier les aléas de l’autostop. Les trois hommes aux regards de charognard n’étaient plus que des silhouettes fantomatiques et leur longue immobilité donnait des sueurs froides. Les douces heures passées à rire et à fumer de la fin de l’après-midi semblaient bien loin maintenant. Ils s’embrassèrent de toutes leurs forces pour lutter contre le désespoir qui les prenait ; ils eurent l’impression qu’un éclat de rire leur était parvenu depuis la station.

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TRADUCTIONS

         

LES AMPUTES

Par Saul Enriquez
Traduction de Paul Bétous

 

SCENE 1

Comment Gauche est en désaccord  avec la manière  dont on le traite.

 

Lit du peintre. Il dort. Une bouche apparaît qui observera et narrera toute l’œuvre.

 

BOUCHE: Bonjour, je suis madame Bouche. Vous avez sûrement entendu parler de moi, on vous a  probablement déjà dit: « Espèce de criard, ferme ta bouche! » Ou encore: « Quelle jolie petite bouche ».  Ou quand on dit des grossièretés: « Je vais te laver la bouche au savon ». Bien sûr personne ne le fait, c’est si mauvais, encore plus si c’est du savon noir! Peu importe, je suis ici pour vous raconter une histoire, l’histoire de Gauche. C’était une main gauche, comme celle que vous avez, au bout du bras gauche. Il était embêtée parce qu’il ne se croyait pas très important. Il appartenait au corps d’un peintre et, d’après lui, ce corps n’avait pas besoin de lui. En effet, le peintre ne travaillé qu’avec la main droite. Alors, dès la nuit tombée, quand le corps se reposait, Gauche commençait à se plaindre…

 

Entre le corps du peintre qui se couche pour dormir.

 

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 Un chant pour mon frère. « Les jours de deuil germeront »

d' Elizabeth González Altamirano.

Traduction: Paul Bétous


 

Résumé:

Autobiographie et recueil de poésie de son frère Carlos González Altamirano, prisonnier politique lors du coup d'état de 1973 perpétué par Augusto Pinochet contre le président démocratiquement élu du Chili, Salvador Allende.


 

Description:

A la fois prose autobiographique empreinte de nostalgie bienheureuse et poésie désenchantée par la torture, la prison et l'exil, Un chant pour mon frère. Les jours de deuils germeront nous retrace les commencements de la dictature du général Pinochet au Chili à travers les sentiments d'un frère, Carlos, et d'une sœur, Elizabeth, victimes de la répression militaire. Elle a 17 ans quand son frère est détenu après un an et demi de résistance et de clandestinité. Elle en a 53 lorsqu'elle se décide en 2009 à publier les poèmes que son frère écrivit en prison, comme un hommage à ce frère poète qui se suicida 16 ans auparavant, ne supportant plus l'exil où il avait été condamné. Poétesse elle-même, elle éclaire par sa prose intimiste la situation d'où proviennent ces textes.

Le passé et le présent dialogue dans cette œuvre écrite à deux mains à plus de trente ans d'intervalle. La poésie de Carlos est née de la violence à laquelle son corps, son esprit et sa nation sont soumis, pour sublimer la souffrance ainsi expérimentée. La prose d'Elizabeth au contraire découle de longues années d'infusion et de réflexion sur cette époque où sa famille décida d'être conséquente avec ses idées au prix de la mort de l'un des siens. Elle est ainsi pleine d'une tendresse qui ne permet pas la haine ou la rancœur mais qui prônerait plutôt la résistance en chantant.

Ces deux visions complémentaires de la répression vécu par le peuple chilien tout au long des seize années de dictature méritent à mon sens de faire partie du corpus de textes en langue française dédié à la mémoire des crimes totalitaires et de ceux qui les ont combattu.

Je vous propose ici les 7 premières pages de la prose au format original, les 10 premiers poèmes et leurs traductions. En complément de la prose et des poèmes, l'édition originale propose des photos illustrant le propos ainsi qu'une partie de la correspondance entre le frère et la sœur. Vous retrouverez toutes les informations techniques à la fin du dossier.
 

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